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Comment identifier et conseiller les patients à risque ?

Avec un coût évalué à plus de 9,3 milliards d’euros par an, les défauts d’observance des traitements en France provoquent environ 8 000 décès annuels. L’observance, dont l’amélioration est un objectif prioritaire de la loi HPST, est donc un enjeu majeur de santé publique, dans lequel le pharmacien tient un rôle de premier plan via ses nouvelles missions.

Médicaments, hospitalisations, visites médicales… les frais engendrés par la non-observance pourraient être évités par l’accompagnement et l’éducation thérapeutique de la patientèle. En tant qu’acteur de santé de proximité et dans le cadre de l’élargissement de sa fonction officinale vers davantage de prévention et de suivi des patients souffrant de pathologies chroniques, le pharmacien peut identifier les patients à risque et favoriser leur adhésion aux traitements. Il a par ailleurs tout intérêt à s’impliquer dans cette démarche car il y trouvera des intérêts à très court terme : le bien-être de son patient et l’augmentation de sa performance économique. En augmentant la part de conseil et de services d’accompagnement, les officines trouveront en effet des relais de croissance.

Identification des patients à risque

Au comptoir

Lors des renouvellements d’ordonnances, certains signaux peuvent vous mettre en garde : boîtes de médicaments ramenées mais non entamées, refus de traitement, demande de boîtes supplémentaires, non-amélioration des symptômes… Les alertes peuvent se présenter de manière variée.

Au cours des entretiens pharmaceutiques

Lors de cet instant privilégié de partage avec votre patient, interrogez-le sur ses habitudes de prise, son organisation, son cadre de vie et la façon dont il perçoit sa pathologie. Tous ces éléments sont autant d’indices sur le bon déroulement de la prise en charge !

En consultant le Dossier Pharmaceutique

À ce jour, plus de 35 000 patients ont un DP. Parmi les fonctionnalités développées par le Conseil National de l’Ordre des Pharmaciens, le suivi de la vaccination permet d’améliorer la couverture vaccinale des adultes.

Identification des causes d’inobservance

Après avoir dépisté les patients mal-observants, tâchez de déterminer les freins ayant pu conduire à cette situation. La première chose à faire est de DÉCULPABILISER votre patient, en ouvrant le dialogue et en s’associant à la résolution de son problème. Interrogez votre patient au cours d’un temps d’échange, au cours des entretiens thérapeutiques notamment, afin de comprendre les causes de la mal-observance, qui peuvent s’avérer nombreuses :

Frein lié au patient

Âge, contraintes socio-professionnelles, connaissances et croyances (y compris entourage), niveau d’anxiété et statut émotionnel (dépression), oublis.

Freins liés à la pathologie

Intensité des symptômes, gravité, pronostic, durée (maladies chroniques), nature (maladies psychiatriques).

Freins liés au traitement

Efficacité, tolérance (manifestations indésirables), galénique (taille du comprimé…), nombre de prises journalières, durée, co-médications, coût.

Freins liés au personnel soignant

Relation de confiance, motivation, force de conviction, communication (intérêt pour l’observance), coordination entre les soignants, volonté délibérée / absence d’adhésion au protocole de soins.

Éducation thérapeutique du patient

L’observance est au cœur des enjeux économiques d’une pharmacie. Depuis 2015, les étudiants bénéficient ainsi d’une formation sur l’Éducation Thérapeutique du Patient (ETP), qui leur apprend notamment à recruter les patients dans le cadre des entretiens thérapeutiques, ce qui n’était pas le cas auparavant.
Vous disposez de plusieurs leviers pour accompagner au mieux votre patient :

Votre conseil et votre savoir-faire

Votre rôle prend ici tout son sens ! Tâchez de favoriser l’adhésion de votre patient à son traitement en lui expliquant les conséquences de sa pathologie, les bénéfices de son traitement ainsi que les effets indésirables, qui sont généralement
mieux acceptés une fois connus.
Formez votre patient à la manipulation du matériel médical si nécessaire et inscrivez les posologies sur ses boîtes de médicaments.

Les outils digitaux

Applications mobiles de rappel de prise de médicaments, supports digitaux au contenu pédagogique et ludique pour mener les entretiens pharmaceutiques approfondis, objets connectés de surveillance de constantes physiologiques (glucomètres connectés, tensiomètres…) pour suivre son état et ajuster son traitement, piluliers connectés préparés par le pharmacien qui alertent au moment des prises ou transmettent à un tiers une absence de prise… Tous ces outils ont démontré leur efficacité dans l’amélioration de l’observance médicamenteuse.

Source : Lettre Aélia Outre-Mer n°18 – Février 2023